Vérité et réconciliation en contexte éducatif de langue française.

Ce livre intitulé “le chandail orange de Phyllis” et publié au Canada raconte la vraie histoire de Phyllis Webstad. Elle y raconte les traitements qu’elle a subi dans les pensionnats. La journée du chandail orange permet de rendre hommage aux enfants autochtones morts dans les pensionnats et à ceux qui ont survécus. Un très bon livre que je recommande en salle de classe pour entamer la discussion et sensibiliser sur l’histoire des pensionnats autochtones au Canada.


En juin 2021, 182 tombes non identifiées d’enfants autochtones à proximité des pensionnats de Lower Kootenay en Colombie - Britannique ont été découverts.

Ces enfants avaient été retirés de leurs familles et avaient été forcés de fréquenter ces écoles où l’on découvrira bien trop tard, qu’ils étaient victimes de mauvais traitement, de négligence et étaient obligés à assimiler la culture du groupe dominant au détriment de leurs propres cultures et valeurs.

Afin de comprendre, d’entendre et de reconnaître les atrocités vécues par les peuples autochtones et notamment par les enfants scolarisés dans les pensionnats, le gouvernement fédéral du Canada a pris ses responsabilités et a mis en place une Commission de Vérité et de Réconciliation. Celle-ci ayant pour mandat de proposer des appels à l’action qui prennent en compte les traumatismes et séquelles vécues par les enfants autochtones et qui ont eu des impacts significatifs tout au long de leur vie et sur les générations à venir .

Comment déconstruire les mécanismes ancrés dans les façons de faire, les préjugés qui produisent des injustices en contexte éducatif? Comment s’assurer que ce qui s’est passé dans les pensionnats à l’encontre des enfants autochtones ne se reproduise plus ? Comment inclure davantage la perspective de l’opprimé pour écrire avec justesse l’histoire du pays - de la nation canadienne?

La charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et l’importance pour tout individu qui souhaite garder sa culture et sa langue. John Buchan, le 15e gouverneur général du Canada (1935-1940) avait dit que « les communautés immigrantes devraient conserver leurs individualités et contribuer à leur façon à l’essence même de la nation canadienne.» En d’autres termes, il faut éviter à tout prix l’assimilation car cela crée beaucoup de tensions, des nations divisées. Il n’y a pas de culture supérieure à l’autre, on n’est pas prêt à accepter que sa culture soit inférieure, c’est en quelque sorte l'unité dans la diversité.

Afin d’assurer la mise en œuvre des appels à l’action énoncés dans le rapport de la Commission de Vérité et de Réconciliation, en tant qu'enseignant.e.s et citoyens du monde, nous pouvons à notre échelle opérer un changement dans nos pratiques quotidiennes au sein du milieu scolaire dans lequel nous nous trouvons.

Suite à la lecture des différents articles et textes mentionnés dans les références (ci-dessous) , j’ai pu en dégager une liste (non exhaustive) des changements que nous devrions nous efforcer de mettre en place:

  • Reconnaître le territoire sur lequel on se trouve. Les lois mises en place par les colonisateurs ont fait perdre aux autochtones leur territoire. Il est de notre devoir collectif d’instruire les générations futures sur l’histoire du pays et de reconnaître que nous nous trouvons sur une terre qui ne nous appartient pas.

  • Garantir la sécurité culturelle pour que les apprenants soient fiers de pouvoir s’appuyer sur leur culture pour construire leur identité et réussir. À mon avis, cela diminuera très certainement la marginalisation des élèves.

  • Il faut entamer et créer un système scolaire inclusif dans tous les paliers de l’éducation: une école qui est inclusive, respectueuse et qui célèbre les différences.

  • Remodeler le curriculum pour le rendre plus critique, inclusif et respectueux (par exemple, en palliant au manque de connaissances en s’informant, en invitant les membres de la communauté pour parler de leur culture, de leur vécu, de leur histoire, bien choisir le matériel pédagogique présenté aux élèves, etc.)


Pour conclure, je dirai qu’il est de notre responsabilité d’arrêter de nier que le racisme systémique existe (il prend des formes subtiles: le curriculum caché, la hiérarchisation des accents français ou anglais conduisant à des situations d'infériorité ou des situations de pouvoir selon de quel côté de la barque on se trouve). Cela nuit à la réussite scolaire des minorités visibles et crée un environnement de frustration. De plus, il faut prendre des mesures concrètes pour que soient représentés dans les sphères de pouvoirs des personnes racisées, autochtones, les minorités visibles, etc. (par exemple, mettre en place des chantiers épistémologiques par des chercheurs racisés).

Natacha H.


Références:

Commission de vérité et réconciliation du Canada (2012) : Appels à l’action 4-Appels_a_l-Action_French.pdf (exactdn.com)

Dion, J., Hains, J., Ross, A. & Collin-Vézina, N. (2016). Pensionnats autochtones : impact intergénérationnel. Enfances, Familles, Générations, (25).

Fanon, F. (2002). Racisme et culture. Présence Africaine, 165- 166, 77-84.

Kapesh, An Antane, 2019 [1976] : Eukuan nin matshimanitu innu-ishkueu / Je suis une maudite Sauvagesse. Trad. José Mailhot, Éditions Mémoire d’encrier, Montréal. (177 pages)

Roe, M. (1983). Multiculturalisme et racisme à l'école: rapport de l'ACE. Canadian Education Association.

Thésée, G. (2021). Déconstruire la recherche en éducation en contextes de racialisation : Débusquer le racisme épistémologique. Canadian Journal of Education / Revue Canadienne de l’éducation, 44(1), 1-31

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